"Jusqu'à présent, nous ne voyons aucun progrès", a déclaré mercredi l'ambassadeur russe auprès des Nations unies à Genève Guennadi Gatilov, ancien vice-ministre des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a présenté une "voie à suivre" pour permettre la prolongation de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui a permis d'atténuer la grave crise alimentaire mondiale qui frappe des centaines de millions de personnes dans le monde. Cet accord arrive à échéance le 18 mai.
Selon l'ONU, dans sa lettre au président Vladimir Poutine, M. Guterres trace "les contours d'une voie à suivre proposée pour améliorer, prolonger et étendre" l'accord qui permet depuis juillet dernier l'exportation de céréales ukrainiennes via la mer Noire malgré la guerre.
L'accord a été prolongé le 19 mars. Mais Moscou a proposé soixante jours plutôt que la reconduction tacite initialement convenue de 120 jours en insistant sur le respect de l'autre volet de l'accord passé entre la Russie et l'ONU qui concerne ses exportations d'engrais. "Nous apprécions les efforts de l'ONU, l'ONU essaie de faire son mieux", a souligné l'ambassadeur russe à Genève, "mais nous n'avons vu pour l'instant que des promesses".
"L'ONU reconnaît qu'il y a des problèmes qui doivent être résolus. Je ne sais pas s'ils seront en mesure de réaliser des progrès suffisants dans le délai imparti", a-t-il dit, tout en indiquant ne pas connaître les détails de la lettre de M. Guterres.
Mi-avril, Moscou avait à nouveau menacé de suspendre l'initiative sur les céréales si ses cinq exigences n'étaient pas remplies, dont la reconnexion au système bancaire international Swift de la banque russe spécialisée dans l'agriculture Rosselkhozbank, la reprise des livraisons en Russie d'engins et pièces détachées agricoles, l'annulation des entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers.
Elle a également demandé le dégel des actifs de sociétés russes liées au secteur agricole situés à l'étranger et la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa, qui relie la Russie à l'Ukraine et permet la livraison d'ammoniac, un composant chimique très utilisé en agriculture. "A ce jour, aucun progrès réel n'a été réalisé dans la résolution de ces problèmes", a affirmé mercredi M. Gatilov.
"Notre position sur l'avenir de l'extension de l'initiative reste inchangée. Nous avons besoin de progrès sur les questions que j'ai mentionnées", a-t-il insisté, en assurant que Moscou n'avait pas encore pris de décision sur l'avenir de l'accord céréalier: "Nous ne sommes pas encore là, nous avons encore du temps".
"Les Nations unies nous assurent qu'ils continuent de discuter avec l'administration américaine, avec les autorités (européennes) à Bruxelles", a-t-il également souligné.