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Le rachat de la dette intérieure au Bénin défraie la chronique à Cotonou


Romual Wadagni, Ministre béninois de l'économie et des finances.
Romual Wadagni, Ministre béninois de l'économie et des finances.

350 milliards de FCFA : c'est le montant indicatif de la dette intérieure du Bénin pour laquelle le ministre de l'économie et des finances aurait délivré à la société générale de l'intermédiation du Bénin (SGI) un mandat lui donnant plein pouvoir "de procéder à la recherche d'investisseurs potentiels pouvant acheter la dette intérieure bancaire du Bénin." Cette affaire fait grand bruit jusqu'à faire l'objet d'une question adressée au gouvernement par les députés.

Dans le souci de relancer l'économie béninoise à travers l'injection de liquidités et le remboursement à un seul créancier au lieu de plusieurs, l'Etat béninois envisage le rachat de la dette intérieure bancaire du pays. Si certains spécialistes des questions économiques comprennent la démarche c'est le montant qui inquiète. Comment l'Etat béninois s'est-il arrangé pour avoir une dette de 350 milliards de FCFA ?

Guy Mitokpè, député ayant soulevé les points d'ombre sur le rachat de la dette intérieure du Bénin
Guy Mitokpè, député ayant soulevé les points d'ombre sur le rachat de la dette intérieure du Bénin


Le député Guy Mitopkè relève quelques points d'ombre : "Le refinancement de notre dette bancaire sur les marchés financiers comportent d'énormes risques comme les fonds vautours !" s'inquiète-t-il. "Je voudrais exporter notre parlement à prendre des mesures efficaces contre les fonds d'investissement spéculatifs car des pays dont l'économie sont plus solides que le nôtre ont fait voter des lois pour mieux encadrer les emprunts souverains ou des actions contre les fonds vautours."

Selon les explications fournies par le ministre d'État chargé du plan et du développement Abdoulaye Bio Tchané : "l’opération de rachat partiel de la dette intérieure comme il est envisagé, vise des dettes contractées à des conditions qui ne sont pas à l’avantage de l’Etat béninois."
Il s’agit donc des dettes héritées en grande partie de la gestion passée, ayant une maturité moyenne de 3 ans avec un taux d’intérêt moyen de 7,2 %. Le Gouvernement a donc entrepris de corriger cette situation en refinançant la dette actuelle c’est-à-dire en contractant de nouvelles dettes à des taux bien plus faibles sur une durée beaucoup plus longue. Selon le spécialiste des questions économiques Casimir Kpedjo c'est un marché sur lequel tous les pays vont pour essayer de se soulager mais le Bénin à travers certains facteurs a poussé le bouchon bien plus loin.
Casimir Kpedjo explique : "notre pays en est là parce qu'on ne travaille pas; et on s'endette non pas pour développer le pays , on s'endette pour acheter des pacotilles, pour financer des projets qui n'ont pas un lendemain meilleur pour notre économie. On s'endetter par exemple pour réaliser des infrastructures routières qui ne résistent pas dans le temps. Lorsque vous vous endettés pour payer les salaires ça pose un problème."

Mais pourquoi avoir laissé la situation se dégrader jusqu'à ce niveau. Le ministre des finances explique les stratégies par lesquelles le gouvernement Talon a tenté un redressement en vain : "nous avons pris immédiatement la mesure de la gravité de la situation et dès le premier conseil des ministres nous avons décidé d'annuler des marchés conclus dans des conditions pas transparentes à des taux inexplicables et à des durées incohérentes". Le ministre Romuald Wadagni précise : "le gouvernement a pris la responsabilité d'annuler plus de 1000 milliards de projets représentant à peu près 24% du PIB et en le faisant nous sommes arrivés à un taux d'endettement autour de 42% pas très loin des limites admises. Donc nous n'avions pas trop de marges de manoeuvres."

Les opérateurs économiques espèrent en l'appurement complet de la dette intérieure qui n'est pas en soi une mauvaise chose... Pour Régis Facia, vice président du Conseil national du patronat, c'est déjà une chance que le Bénin soit dirigé par un opérateur économique : "Aujourd'hui par un concours de circonstances qu'on va dire heureux, il se fait que celui qui nous gouverne est un chef d'entreprise. Il est conscient de l'importance du règlement de la dette intérieure, donc nous allons les accompagner afin que les créances intérieures soient totalement amusés."

Abdoulaye Bio Tchané: Ministre d'État chargé du plan et du développement
Abdoulaye Bio Tchané: Ministre d'État chargé du plan et du développement

Pour le ministre d'État chargé du plan et du développement Abdoulaye Bio Tchané, malgré les difficultés le gouvernement Talon prévoit des stratégies pour la relance de l'économie qui malgré tout reste chancelante : "Au cours des dix dernières années, nous avons connu une croissance économique moyenne de 4,4%. Mais en même temps nous avons vu la pauvreté s'accroître". Le Ministre Tchané affiche beaucoup d'optimisme : "Nous avons sur les cinq prochaines années la mission d'atteindre un taux de croissance d'au moins 7% et en même temps générer de la croissance dans les domaines mais aussi dans les secteurs où nous pourrons générer plus d'emplois et donc réduire la pauvreté par la création d'emplois."

Aujourd'hui même si certains béninois comprennent tant bien que mal le rachat de la dette intérieure, c'est la société à laquelle cette responsabilité est confiée qui dérange puisque le chef de l'état est un actionnaire majoritaire. Pour certains il y a conflit d'intérêts.

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